À l'Aveuglette

Françoiz Breut

T-Rec – 2008
par Nicolas, le 29 décembre 2008
8

Avec son quatrième album À l’Aveuglette, la Française exilée à Bruxelles refait parler d’elle de la meilleure des façons qui soit. Car pour la première fois, la native de Cherbourg signe l’intégralité des textes et sort définitivement de l’ombre d’anciens compagnons de route, et notamment d’un certain Dominique A. Tout en restant fidèle à l’héritage des écuries Lithium et Olympik, la néo-Bruxelloise nous revient donc en toute grande forme aux côtés des formidables instrumentistes que sont Boris Gronemberger (V.O., Raymondo,…) et Luc Rambo, tous deux déjà présents sur Une Saison Volée.

À l’écoute des quatorze plages de l’album, dont notamment trois instrumentaux, on constate d’emblée que les compositions sont plus complexes et orchestrées que par le passé. Comme si elles étaient lestées au plomb, à l’image du ciel en Belgique au mois de novembre. Un pays dont on trouve des vestiges de part en part, notamment sur le très réaliste, mais non moins poétique, « Dunkerque ». Et même si elle ne se sent plus à l’étroit dans ce « Mouchoir de Poche » qu’est le Plat Pays, Françoiz Breut axe plutôt ses textes sur l’amour, le temps qui passe ou encore l’enfance. Ainsi, le morceau « Les Jeunes Pousses », avec ses cuivres joyeux et son rythme incroyable, demeure très certainement la pièce majeure d’un opus convaincant d’un bout à l’autre. Mais le dénominateur commun entre toutes ces belles choses reste cependant la mélancolie qui s’immisce un peu partout.

Sans top avoir l’air d’y toucher, celle qui est également illustratrice à ses heures livre ici son meilleur effort, celui que l’on qualifiera de la maturité. Après s’être frottée à de nombreuses plumes acérées, il était donc temps pour Françoiz Breut de tremper la sienne dans l’encrier, laissant les arrangements musicaux à ses fidèles acolytes, Luc et Boris. Des envolées rock, un zeste de boucles et surtout des textes vertigineux, la recette n’a guère changé mais a gagné en force. Au point qu’on la suivrait n’importe où. À l’aveuglette ? Peu importe tant que nous ne sommes pas sourds…

Le goût des autres :
7 Julien